Selon Olivier Prévôt, professeur des Universités en sciences de l’éducation, la coéducation représente
Pour le sociologue Pierre Périer, la coéducation est une "question de mots"...
Pour les parents, il s’agit d’être "associés" , "soutenus" sur la question des apprentissages, voire des difficultés d’apprentissages. Les parents se placent donc plutôt du côté de l’INSTRUCTION.
Du côté des enseignants, " le spectre de termes employés pour définir la coéducation est extrêmement large" : communication, partage, échanges, entraide etc... Pour les professionnels, ce qui prime, c’est donc la responsabilité partagée de l’EDUCATION des enfants.
Le troisième sens donné à la coéducation par le sociologue est d’ordre RELATIONNEL.
A la lumière des ces réflexions, Pierre Périer définit la coéducation comme "l’action réciproque, concertée, dans l’éducation et les apprentissages au bénéfice de l’enfant".
Cette action permet l’explicitation des attentes réciproques, la levée des malentendus.
(Cliquez sur l’image pour accéder à la ressource Canotech)
La Loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école du 8 juillet 2013 stipule que "Pour garantir la réussite de tous, l’école se construit avec la participation des parents, quelle que soit leur origine sociale. Elle s’enrichit et se conforte par le dialogue et la coopération entre tous les acteurs de la communauté éducative." (Article 2)
Le plan pour l’école maternelle réaffirme la nécessité d’établir des liens plus forts avec la sphère familiale et territoriale comme un des deux leviers essentiels pour atteindre les objectifs de bien être, de réussite des élèves.
Dans les faits, cette coéducation n’est pas toujours aisée à mettre à mettre en place...
Les professeurs déplorent parfois le manque de temps pour le faire.
Ils regrettent l’absence des parents lors des réunions de rentrée de début d’année, leur manque d’implication...
Il s’agit en effet de ne pas se limiter à l’information mais de penser les conditions du dialogue, de mettre en place des temps qui permettent l’écoute.
Le plan maternelle prescrit ces entretiens :
"Au-delà des échanges informels quotidiens qui participent de la connaissance de l’école et de la construction de la relation école-famille, les directions d’école organisent, avec les équipes, dans le cadre des obligations règlementaires de service des professeurs des entretiens individuels dès les premières semaines de l’année solaire avec les parents d’élèves de toute petite section (TPS) et de petite section (PS). Ces rendez-vous permettent l’expression des observations croisées de chacun des adultes intervenant auprès de l’élève sur son adaptation à l’environnement, sur ses besoins et sur ses premiers acquis scolaires. Ils sont aussi l’occasion d’expliciter des codes de fonctionnement de l’école. Ils visent à rassurer les parents dans ces premières semaines, qui constituent pour nombre de familles une première séparation.
Comment faire concrètement ?
Catherine Hurtig Delattre propose de conduire
Exemple concret avec vidéos (Centre Alain Savary)
Mettre en place un espace numérique de travail peut permettre de communiquer avec toutes les familles, de donner à voir ce qui se passe dans les classes, permettent d’interagir avec les familles.
Points de vigilance :
– Les parents ne s’autoriseront à répondre , à poster des commentaires sur un blog, que si une relation de confiance est instaurée dès l’inscription de leur enfant à l’école...
– Veiller à proposer des écrits LISIBLES pour tous, et EXPLICITES.
Ce dispositif , en fonction de la manière dont il est mis en oeuvre, va au delà de l’acte d’INFORMER. Il permet de DIALOGUER avec les parents (ou les grands parents etc..), de les ACCUEILLIR, mais aussi de les IMPLIQUER dans la scolarité des élèves.
Dans l’optique de la mise en oeuvre d’une véritable coéducation, les partenaires de l’école peuvent également être associés à ces temps.
Certes, le risque pour l’enseignant est de se sentir jugé par la famille...Mais le bénéfice est grand en terme de reconnaissance et de sentiment d’efficacité professionnelle.
A venir : quelques exemples d’ouverture aux parents lors du temps fort des "Semaines de l’école maternelle" 2024.
D’autres exemples :
La semaine du goût : Inviter les parents à venir cuisiner avec la classe
Les rencontres jeux de société (pour partager le fait qu’il est important de jouer pour apprendre)
Le dispositif de l’enfant Soleil (Source : ouvrage de Catherine Hurtig Delattre cité ci-dessous)
Pour plus d’informations, vous référer au livret ressource pour l’action proposé ci-dessous, chapitre école maternelle.
L’espace parents : un exemple concret
La fleur des langues
Les livrets d’accueil plurilingues
Invitation des parents à venir lire des histoires dans leur langue maternelle etc...
Ils sont classés par objectif : ACCUEILLIR- INFORMER-DIALOGUER-IMPLIQUER
Pour approfondir la question sur ces 4 verbes, et sur la notion de la coéducation en général, nous vous conseillons de vous référer aux travaux de Catherine Hurtig Delattre.
- L’asymétrie à parité d’estime
D’un côté il y a les professionnels. De l’autre, il y a les parents... Mais on vise une estime mutuelle dans sa compétence réciproque.
Cette posture implique le non jugement pour les enseignants et la nécessité de laisser la place à la différence.
- L’explicitation du fonctionnement de l’école aux parents, surtout aux plus éloignés de la culture scolaire.
Cette posture implique une réflexion sur le vocabulaire employé au cours des entretiens, sur les documents à destination des familles (pour rendre accessible l’information, éviter la surinformation... )
- La coopération
Prendre en compte les parents et les associer à la scolarisation de leur enfant en valorisant leur compétence.
Coéducation, des clés pour une responsabilité partagée, Catherine Hurtig Delattre, 2022, Réseau Canopé
Podcast Enseignants et parents : tous coéducateurs ? Parlons pratiques !
Relation école-famille : un livret ressource pour l’action
Document EDUSCOLsur la coéducation